Frederick Ogilvie Loft – tour à tour forestier, journaliste, fonctionnaire, auteur, militant, officier et chef mohawk honoraire élu – naît le 3 février 1861 dans la réserve Six-Nations, Haut-Canada. Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Frederick Ogilvie Loft, loyal partisan de la Grande-Bretagne (1), visite des réserves dans tout l’Ontario pour promouvoir et encourager le recrutement parmi la population autochtone. Très actif dans la milice à Toronto (2), il est nommé lieutenant dans une « unité de foresterie » à cause de son expérience dans l’industrie du bois. Au moment de s’enrôler, il prétend avoir 45 ans (3), et non 56, afin de se qualifier pour le service outre-mer.
En 1917, il part pour la Grande-Bretagne avec le 256ème bataillon d’infanterie, qui fournit des hommes au 10ème bataillon ferroviaire, puis il est muté au Corps forestier canadien (4). Une fois de retour au pays, l’ancien combattant mohawk songe à ce qu’il peut faire pour aider les Premières Nations. En 1919, il fonde la Ligue des Indiens du Canada (League of Indians of Canada en anglais) (5) qui réunit les Indiens de partout au pays. C’est la première organisation politique autochtone nationale. Les principaux objectifs sont :
protéger les droits et améliorer les conditions de vie des membres des Premières nations au Canada.
L’un des plus importants mandats est de convaincre le gouvernement d’améliorer la qualité de l’instruction des autochtones.
Avec la création de la Ligue, Frederick Loft espère que les forces combinées des Premières Nations pourront non seulement protéger leurs droits vis à vis le gouvernement, mais aussi travailler à mieux réaliser l’unité entre l’État et les Indiens. Toutefois, le ministère des Affaires indiennes lui refuse à plusieurs reprises de parler directement au Parlement, et ne le rétribue pas pour le travail que la Ligue tente de faire. Lorsque sa santé commence à vaciller, la ligue elle-même décline et lorsqu’il meurt à Toronto en 1934, elle s’effondre, ainsi que son rêve d’unité.
SOURCES ET NOTES
Les Autochtones et l’expérience militaire canadienne
Le soldat canadien de la Grande Guerre, Encyclopédie Canadienne
Le corps forestier canadien
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(1) Tout au long de sa carrière, F. Loft démontre être un partisan de la Grande Bretagne tant par ses prises de position que par les articles qu’il publie, notamment celui sur Joseph Brant et les « Iroquoian loyalists » où il fait l’l’éloge du chef Brant et d’autres membres des Six-Nations alliés aux Britanniques. Il souligne les liens précoces et la fidélité des Iroquois envers la couronne britannique. Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il visite des réserves dans tout l’Ontario pour promouvoir le recrutement.
(2) Les milices sont des polices parallèles et des forces supplétives de l’armée. Le nom est donné aussi à des groupes de personnes créés ponctuellement pour maintenir l’ordre, notamment en cas de troubles civils, ou pour combattre. Les milices des Maritimes et du Haut-Canada s’inscrivent dans la tradition des milices coloniales britanniques.
(3) Les recrues doivent être âgées d’au moins 18 ans ( un seuil qui sera plus tard porté à 19 ans) et d’au plus 45 ans; toutefois, des soldats ayant dépassé la limite d’âge et des adolescents mentent fréquemment à propos de leur âge réel.
(4) Le Corps forestier canadien (Canadian Forestry Corps en anglais) était un corps administratif de l’Armée canadienne. Il a été créé le 14 novembre 1916 et dissous en 1920.
LE SAVIEZ-VOUS ?
La plupart des compagnies du Corps forestier canadien (Canadian Forestry Corps en anglais) s’occupaient des opérations notamment de la fabrication de billes de sciage et de manches de haches, ainsi que de défricher, drainer, niveler et faire le terrassement de sites pour les aérodromes, en Angleterre et en France.