Le Stockholm International Peace Reaserch Institute (SIPRI), va plus loin en affirmant que l’Allemagne aurait utilisé le choléra et l’anthrax (1.)
Anthrax vous dites?
L’anthrax, ou maladie du charbon, est une infection causée par la bactérie Bacillus anthracis. Cette bactérie forme des spores invisibles à l’œil nu qui peuvent survivre dans le sol pendant de nombreuses années. La maladie du charbon est une anthropozoonose, c’est-à-dire qu’elle touche aussi bien l’animal que l’Homme. L’infection de l’Homme peut se produire par contact des spores avec une coupure ou une égratignure de la peau (charbon cutané), par inhalation des spores (charbon pulmonaire), ou par ingestion de viande contenant ces spores (charbon intestinal). Dans la guerre biologique, la maladie du charbon peut être propagée intentionnellement dans l’air ou au moyen d’un objet qui transporte ces bactéries, mais elle ne se transmet pas d’une personne à l’autre (elle n’est donc pas contagieuse). Les symptômes du charbon cutané apparaissent presque immédiatement, dans la journée qui suit l’infection. Le charbon pulmonaire est de loin la forme la plus dangereuse de l’infection.
Des symptômes a priori bénins
Les premiers symptômes ressemblent à ceux de la grippe et comprennent de la fièvre, des maux de poitrine, des malaises, de la fatigue et une toux sèche. Les premiers signes de la maladie peuvent se déclarer dans les 48 heures après l’inhalation des spores de la bactérie. Si les premiers symptômes ne sont pas soignés sans tarder, l’infection peut s’aggraver et se transformer rapidement en une maladie ressemblant à une inflammation des poumons. Les symptômes sont alors l’essoufflement, une fièvre élevée, une fréquence cardiaque élevée et des sueurs abondantes. La maladie peut être mortelle si elle n’est pas traitée rapidement (2.)
Une maladie ancienne
1850, date de son identification
La bactéridie charbonneuse a été identifiée presque simultanément par deux chercheurs et indépendamment l’un de l’autre, au début des années 1850. En Allemagne par Aloys Pollender, et en France par Pierre Rayer et Casimir Davaine. Robert Koch parvient, en 1876, à la cultiver, et découvre le phénomène de la sporulation (les spores) permettant sa survie dans le sol.
Une histoire rocambolesque du début jusqu’à la fin
Janvier 1917
Un petit flacon en verre est confisqué par des policiers norvégiens au baron Otto Karl Von Rosen, officier des forces armées allemandes et rangé dans les archives.
Avril 2016
Le conservateur d’un musée de la police à Trondheim, en Norvège, découvre dans ses collections une bouteille en verre contenant deux morceaux de sucre de forme irrégulière. Un petit trou percé dans chacun de ces morceaux, et un tube capillaire de verre, scellé à son extrémité, enfoui dans l’un des morceaux. Une fiche attachée à l’objet exposé donne l’explication suivante : « Morceau de sucre contenant le bacille du charbon, trouvé dans les bagages du baron Otto Karl von Rosen, lors-qu’il a été appréhendé à Karasjok en janvier 1917, et accusé d’espionnage et de sabotage. »
Mais que faisait donc ce baron, aristocrate aux racines allemandes, suédoises et finlandaises, dans cette région perdue de la Norvège, au milieu de l’hiver? Probablement réaliser quelque noir dessin…
Dans les bagages du baron, on trouva aussi des flacons de curare, diverses cultures de microbes, et dix-neuf morceaux de sucre, contenant chacun des bacilles du charbon. Deux d’entre eux furent ainsi conservés au musée de Trondheim, comme seul témoignage de cet épisode. La plupart des historiens soupçonnent qu’il s’était rendu en Norvège sur l’ordre des Allemands (3.) Ces derniers auraient formé le projet d’infecter chevaux et rennes par le bacille du charbon, dans le but d’interrompre ainsi le transport d’armes britanniques. Le baron, expulsé après quelques semaines de détention, ne put jamais exécuter son projet.
La Une de la presse
Ce petit flacon avec sa mention « anthrax », fait la manchette du journal norvégien Adresseavisen le 19 avril 2016
L’article précise que le contenu du tube a été soigneusement étudié dans les laboratoires de microbiologie des forces armées norvégiennes à Oslo qui ont confirmé qu’il contenait vraiment de l’anthrax, et qu’après 100 ans, la substance était encore capable de tuer (4.)
Une bactérie tueuse en série
Il faut savoir qu’un gramme d’anthrax égale un millier de milliards de spores, ce qui représente théoriquement 100 millions de doses létales.
Les belligérants s’en sont-ils servis?
Il semblerait que oui, mais pas contre les humains… la maladie du charbon était plutôt destinée à éliminer les troupeaux de cerfs à l’aide desquels, selon le commandement militaire allemand, les alliés russes du camp de l’Entente acheminaient sur le territoire russe différents équipements, munitions et nourriture. Selon plusieurs historiens, Français et Allemands ont utilisé l’anthrax contre les moutons et les chevaux pendant la Première Guerre mondiale. Les uns parce qu’ils servaient de nourriture et les autres de moyen de transport.
Sources
(1) La politique étrangère américaine après la guerre froide et les défis asymétriques, par Tanguy Struye de Swielande
(2) Informations sur l’Anthrax
(3) Numéro d’Alliage, culture, science et technique
(4) Article de Sputnik France relatant la découverte
Crédit image
Domaine public / issue du Centers for Disease Control and Prevention‘s Public Health Image Library (PHIL)