Durant la Première Guerre mondiale les médecins n’ont pas de formation adéquate pour faire face aux troubles psychologiques vécus par les soldats des tranchées, pas de connaissances pour poser un diagnostic, pas de protocole de traitement, et pas de consensus sur le terme à utiliser pour nommer ces troubles! Les Anglais parlent de « Shell Shock » en référence au choc traumatique du soldat soumis aux explosions d’obus à proximité. Certains soldats souffrants s’enferment dans le mutisme alors que d’autres se replient en position foetale sans pouvoir bouger. En conséquence de cette méconnaissance généralisée du corps médical, les soldats atteint sont perçus négativement, jugés trop faiblement virils ou simulateurs. Les traitements administrés se rapprochent de la torture : torpillage électrique, isolement ou chantage par la peur. Tous les moyens sont permis pourvu que les médecins remplissent leur devoir envers l’armée; celui de rapidement renvoyer les soldats combattre au front. Ce n’est qu’en septembre 1918, au 5e congrès de l’Association Internationale des Psychanalystes à Budapest, que ceux-ci établissent une corrélation entre les problèmes sociaux (comme la guerre) et les maladies mentales.
Sources
DARMON, Pierre. «Des suppliciés oubliés de la Grande Guerre : les pithiatiques». Histoire, économie et société, vol. 20, no.1 (2001), p. 49-54.
DOUVILLE, Olivier. «Des psychanalystes sous la Première Guerre mondiale : de la névrose traumatique à la folie traumatique». Groupe d’études de psychologie, vol. 3, no. 531 (2014), p. 237-251.