Guerre et psychiatrie : le trouble de stress post-traumatique

Issue de la série documentaire Apocalypse, la Première Guerre mondiale
Les horreurs de la Première Guerre mondiale ont imposé la réalité des traumatismes psychiques. Observés dès cette tragique période sous le nom d’obusite, et au départ considérés comme des simulations, ces traumatismes aujourd’hui appelés troubles de stress post-traumatique sont maintenant officiellement reconnus par les États et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme découlant de conditions de conflit ou de violence extrêmes.


L’obusite des soldats de la Grande Guerre
Un syndrome classé comme étant l’une des formes de stress post-traumatique (TSPT), des cauchemars persistent longtemps après un évènement, faisant constamment revivre une expérience terrorisante. Au XXIe siècle, le terme « obusite » fait automatiquement référence aux soldats de la Grande Guerre.

Apprenez-en plus sur l’obusite dans notre application Second Écran Apocalypse la 1ère Guerre mondiale

Ces blessures invisibles font bouger les choses à partir de 1915
Aux premiers temps de la guerre des tranchées, la prise en charge des malades est sommaire. Elle ne consiste en fait qu’à chercher des traces physiques de blessure. Les spécialistes de l’époque n’ont pour seule consigne émanant de l’Armée que de renvoyer ces soldats au front. Mais des symptômes variés et inconnus des médecins militaires apparaissent chez des soldats des tranchées. Les maladies nerveuses étant mal connues à l’époque, de nombreux médecins, tels le Dr Sicard, chef du service de neurologie de la 15e région militaire, basé à Marseille*, jugent que les malades mentent. La Société de neurologie, quand à elle, « depuis le 21 octobre 1915, recommande que les sujets atteints de troubles fonctionnels ne soient ni réformés ni pensionnés ni évacués mais traités sur place1 et renvoyés au front » tout en émettant le vœu que les « simulateurs, exagérateurs et persévérateurs » soient envoyés « vers des services spéciaux et soumis à une direction médicale compétente et à une discipline militaire sévère. » Discipline qui est allée jusqu’à fusiller de nombreux soldats, pour l’exemple, ou punis pour avoir simulé une maladie.3

Mais, devant l’importance croissante des cas, on estime leur nombre à minimum 100 000 en France seulement, l’Armée ne peut plus nier le phénomène et décide de faire front à cette folie particulière liée à la guerre en admettant la véracité des symptômes ressentis dans un premier temps et en référant ensuite les malades dans divers départements psychiatriques.

De la Grande Guerre aux conflits contemporains : reconnaissance et prise en charge
De nos jours, le terme d’obusite a disparu des diagnostiques psychiatriques militaires pour être remplacé par celui de TSPT, troubles de stress post-traumatiques, troubles qui sont aujourd’hui reconnus et pris en charge par les services de santé des armées. L’avancement des recherches dans ce domaine a aboutit à une description rigoureuse et précise du TSPT et à son inscription en 1992 dans la Classification internationale des maladies (CIM), 10e édition de l’Organisation mondiale de la santé).2

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) maintenant décrit comme un trouble psychiatrique, une réaction extrême à un traumatisme, est non seulement reconnu par les Forces armées canadiennes mais est sujet à d’importantes recherches concernant les facteurs de risque et de résilience associés à la maladie. Les Services de santé des Forces canadiennes (SSFC) 4 s’appuient également sur les résultats de recherche et les connaissances actuelles pour procéder à des tests de dépistage, et pour offrir de la formation à ce sujet : cours de promotion de la santé pour les militaires, formations relatives aux techniques de gestion du stress, tests de dépistage en santé mentale entre autres.

Les militaires qui reviennent d’une opération internationale dans un milieu traumatisant, passent maintenant par un processus amélioré de dépistage qui vise à mieux identifier ceux qui ont des problèmes liés au déploiement, particulièrement des problèmes psychologiques. Les militaires remplissent un questionnaire détaillé sur la santé et passent une entrevue avec un professionnel de la santé mentale. Si nécessaire, un suivi est recommandé et mis en place.

 

 

Sources
1pour les soigner, certains médecins ont jugé opportun de recourir à une invention récente : l’électricité. Ainsi est née l’électrocution des malades psychiques
2 Définition du TPST, Wikipedia
3Apprenez-en plus sur les conflits armés, leurs effets psychiques et l’évolution des pratiques médicales les concernant (blog)
4 Pour en savoir plus sur les Forces Armées Canadiennes et les TSPT