Des femmes patriotes
Les infirmières militaires canadiennes qui servent outre-mer pendant la Grande Guerre sont toutes détentrices du grade et de la solde de lieutenant. Au sein des hôpitaux militaires, se côtoient quotidiennement des infirmières issues des classes sociales supérieures et d’autres provenant de milieux plus modestes.
Blanche Olive Lavallée (1890-1950), la plus connue des infirmières militaires canadiennes
Le 19 mars 1915, Blanche Olive Lavallée s’enrôle dans le Corps médical du Corps expéditionnaire canadien. Quelques semaines plus tôt, l’Hôtel-Dieu de Montréal lui a remis son brevet d’infirmière. Elle sert à plusieurs endroits où elle a amplement le temps de côtoyer la pire des misères humaines. Elle conserve les lettres que sa mère lui a écrites pendant et juste après la guerre. On y apprend entre autres choses que Blanche remet une grosse partie de sa solde à sa famille (mère, père et deux frères plus jeunes), ce qui permet à la famille de bien vivre malgré les difficultés financières du père qui souffre d’un cancer et ne peut travailler régulièrement. On comprend aussi que mère et fille s’arrangent pour se tenir vraiment au courant de leurs sentiments les plus profonds, en dépit de la censure militaire à laquelle sont soumises les lettres de sa fille.
Le romantisme et l’amour ne sont pas totalement absents du front, elle rencontre au printemps 1916, le lieutenant Georges-Alexandre-Henri Trudeau, officier du Royal Canadian Regiment passé au Royal Flying Corps. Mais, en décembre 1917, elle est rapatriée pour épuisement. L’échange de lettres qui suit leur séparation provoquée par leurs nombreux déplacements conduit Blanche et Henri au pied de l’autel, en 1924. Les officiers de l’époque doivent accumuler des économies suffisantes et obtenir la permission de leur commandant avant de se marier. Elle continue à travailler pour aider sa famille jusqu’en 1924, année de son mariage avec son soupirant qu’elle a rencontré en France huit ans plus tôt.
Dès 1899, les infirmières canadiennes ont le rang d’officier qui confirme leur statut professionnel. Mais ce n’est pas le cas des infirmières militaires américaines et l’énergique Blanche Lavallée milite avec ses consoeurs. En 1918, elle est l’une des deux infirmières militaires canadiennes déléguées à Washington pour convaincre le Congrès que les infirmières américaines devraient avoir le rang d’officiers, principe obtenu en 1920. Elle demande aussi l’équité salariale avec les hommes du même rang, ce est finalement accordé durant la Deuxième Guerre mondiale. Son époux, Georges-Alexandre-Henri Trudeau, devient brigadier et commande le 12e District militaire de Regina pendant une partie de la Deuxième Guerre mondiale. Blanche Lavallée-Trudeau, devient un pilier des divisions locales de la Croix-Rouge aux endroits où son mari est muté. Henri Trudeau et Blanche Lavallée auront quatre filles.
Le rôle d’une infirmière militaire
Elle doit prodiguer les soins appropriés aux patients de son pavillon et de s’assurer de la propreté et du maintien de l’ordre. Il est aussi prévu qu’en l’absence d’un officier du Service médical de l’armée canadienne, elle s’occupe des blessés au meilleur de ses connaissances.
L’examen du travail que les infirmières ont accompli en France confirme qu’elles ont consacré la majeure partie de leur temps et de leur énergie aux soins pré et post opératoires ainsi qu’aux soins au chevet.