Journal de Rose du 25.04.1915

Partager cette CONTENUS
10 destins - Rose - close-up
Rose Dubois Documentaliste, Québec (Canada) . . .
À une époque où les blogues n’existaient pas, découvrez le journal fictif de Rose Dubois, une jeune Canadienne française qui débute sa carrière de documentaliste au début de la Première Guerre mondiale. Chaque entrée du journal vous mène du Canada au front, à la découverte d’images et de personnages d’époque. Le #JournalDeRose présente également aux lecteurs les six concepts de la pensée historique qui sont progressivement apportés aux programmes d’histoire. Ce blog est conçu en partenariat avec ONF Education

Cher journal,

Je ne pourrais être plus fière de nos bons soldats canadiens, ni plus indignée contre les Allemands. D’après les dépêches qui nous arrivent de l’autre côté de l’océan, il semble de plus en plus évident que ces derniers utilisent du gaz toxique contre les Alliés sur le front occidental. Devant cette tactique épouvantable, je veux croire que les Alliés redoubleront de détermination pour repousser l’ennemi une fois pour toutes. Ces tristes nouvelles assombrissent une journée qui devrait plutôt être empreinte de fierté pour notre noble pays. En effet, pour la première fois, nos troupes participent à une grande bataille, dans et autour de la ville d’Ypres, en Belgique. Nous sommes peut-être un dominion, mais nous sommes aussi une jeune nation dynamique qui contribue à combattre l’armée allemande et à rétablir la paix en Europe.

Albert Londres dans Le Matin, 29 septembre 1914

Albert Londres dans Le Matin, 29 septembre 1914

Ce n’est pas la première fois, il me semble, que les Allemands enfreignent les règles de la guerre. Leur stratégie d’attaque est autant psychologique que tactique. L’année dernière, ils ont bombardé la belle basilique de Reims, en France. Dans nos archives, j’ai trouvé un article du journal Le Matin qui décrit ce sombre épisode. Détruire une maison du Seigneur, enlever aux gens un lieu de rassemblement et de prière montre à quel point ils sont insensibles. Comment cela a-t-il pu se produire ? Comment un pays tout entier a-t-il pu perdre contact avec son humanité ? Je sais que l’hostilité entre la France et l’Allemagne remonte au moins au temps de la guerre franco-prussienne. Les blessures profondes guérissent lentement, je suppose.

 

Dessin original de Yves Congar, dans Journal de la Guerre 1914-1918 (DR)

Dessin original de Yves Congar, dans Journal de la Guerre 1914-1918 (DR)

Pour moi, l’aspect le plus dur de ce conflit est l’impact qu’il a sur les enfants. Alors qu’il couvrait les combats à la frontière entre la France et la Belgique, un de nos journalistes a rencontré Margot, une fillette dotée d’un incroyable talent artistique qui lui a donné une de ses esquisses. Dans quel monde vivons-nous pour qu’une petite fille soit capable de déterminer la nationalité d’un soldat à partir du style de son uniforme ? Quelles traces la guerre va-t-elle laisser sur cette jeune génération ? Un jour, j’espère être mère, et je prie pour que mes futurs enfants puissent grandir dans un monde en paix. J’ai besoin de croire que, une fois les Allemands vaincus, toutes ces horreurs ne se reproduiront plus.

 

Heureusement, une source de réconfort est arrivée de l’étranger cette semaine. J’ai reçu une lettre de Louise Masson, l’infirmière que j’ai interviewée avant son départ pour le front. Elle m’a dit s’être installée à l’hôpital du Dr Mignault. Elle est convaincue que leur travail apporte un peu de lumière dans les ténèbres du champ de bataille. Elle a eu l’occasion de rencontrer Margaret C. Macdonald, l’infirmière en chef du Service d’infirmerie de l’Armée canadienne qui a été promue major — la première femme de l’Empire britannique à avoir atteint un tel rang. Louise a joint à sa lettre un court poème d’un médecin nommé John McCrae. J’espère qu’il pourra continuer à écrire après la guerre.

À la prochaine,

Rose

 

En classe

En classe

Les six grands concepts de la pensée historique

Concept 3 : Les causes et les conséquences

Quelles sont les conditions d’apparition d’un événement et quelles en sont les conséquences ?

À travers ses recherches sur la destruction de la basilique de Reims, Rose découvre les dessins de Margot. Cela lui permet de mieux comprendre comment la guerre touche autant les civils que les soldats. Les enfants deviennent les victimes collatérales et sans défense du conflit. Elle mesure également combien le nationalisme exacerbé antérieur au déclenchement de la Première Guerre mondiale contribue à l’hostilité entre les puissances européennes. Aucun événement ne se déroule en vase clos ; un fait historique comporte toujours des « dommages collatéraux ». En classe, les élèves devraient être encouragés à considérer la façon dont des événements similaires produisent des résultats différents. Les deux guerres mondiales ont eu un impact significatif en France et au Canada ; pourtant, les récits qu’on en fait diffèrent d’un pays à l’autre. Quelles leçons pouvons-nous en tirer ?

  • 1er indicateur : Chaque événement a plusieurs causes et conséquences.
  • 2e indicateur : Les causes d’un événement ont une influence variable.
  • 3e indicateur : Tant les acteurs que les circonstances historiques jouent un rôle dans l’apparition des événements.
  • 4e indicateur : Un événement entraîne généralement des conséquences fortuites.
  • 5e indicateur : L’histoire n’est pas inévitable, le hasard joue un rôle.

Tous les indicateurs de la pensée historique

Ce billet a été rédigé par David Finkelstein. “J’adore les surprises que renferme la nouvelle mouture des films de CAMPUS. L’ONF propose une diversité de points de vue presque sans précédent. En classe, je souhaite que mes élèves développent leur pensée critique et leur empathie, deux compétences essentielles. Enseignant agréé de l’Ontario, j’ai élaboré des programmes portant sur plusieurs films de CAMPUS, dont le guide pédagogique sur Nul poisson où aller abordant la question des réfugiés”.