Ioussoupov, prince de légende

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Né à Saint-Pétersbourg et mort à Paris, ce prince russe est particulièrement célèbre pour avoir joué le rôle majeur dans la conjuration qui conduit à l’assassinat de Raspoutine, ce paysan russe, mystique guérisseur et homme de confiance de la famille de Nicolas II, dernier tsar de Russie.

Le prince Félix est le fils cadet de la princesse Zénaïde Ioussoupova et du comte Felix Felixovitch Soumarokov-Elston. La princesse Zénaïde porte à ses deux fils une grande affection maternelle. Le comte lui, est un père distant. Les deux enfants, Nikolaï et Félix, sont des enfants capricieux à qui l’on ne peut rien refuser. Le prince Nikolaï, frère aîné de Félix, six mois avant son 26e anniversaire, est tué en duel par un mari jaloux. Cette mort prématurée fait de Félix l’héritier de la plus grosse fortune de Russie et l’homme le plus riche d’Europe. Après des études à l’école secondaire à Moscou, il effectue de nombreux voyages en Europe, dirige l’Automobile Club et étudie à l’University College d’Oxford. Après une jeunesse dorée, Félix se fiance avec la nièce de Nicolas II, la grande-duchesse Irina Alexandrovna de Russie, jeune fille d’une rare beauté. Le 22 février 1914, le mariage est célébré avec le consentement de l’empereur. Ce prince élégant, raffiné, doté d’une grande intelligence, amateur d’art, au goût très sûr, vouant un véritable culte à la beauté, mène une vie extravagante et dissolue. Il consomme volontiers de l’opium et après son union, il continue à avoir des aventures homosexuelles.

Le complot contre Raspoutine
De retour en Russie, Félix Ioussoupov n’est pas d’accord avec l’ascendant qu’exerce Raspoutine sur la famille impériale. En tuant Raspoutine, Félix se venge peut-être du sort fait à son père, le général Ioussoupov, gouverneur-général de Moscou, qui est limogé en 1915 pour avoir critiqué le régime impérial et sa mère, la princesse Zenaïde, déclarée indésirable à la cour après avoir demandé à la tsarine de renvoyer Raspoutine. Avec le grand-duc Dimitri Pavlovitch, le député Vladimir Pourichkevitch, le lieutenant Sergueï Soukhotine et le Docteur Stanislas Lazovert, le prince organise l’assassinat de Raspoutine dans la nuit du 29 au30 décembre 1916. L’assassinat accompli, le prince et ses complices sont incapables de garder le silence. L’enquête sur l’assassinat de Raspoutine est dirigée par le major-général Popel. Le docteur Stanislas Lazovert et le jeune officier du régiment Preobrajenski, Sergueï Mikhaïlovitch Soukhotine, ont déjà quitté Saint-Pétersbourg, le prince est arrêté dans la gare alors qu’il prend le train pour s’enfuir en Crimée. Seuls le prince Félix, le grand-duc Dmitri Pavlovitch de Russie et Vladimir Mitrofanovitch Pourichkevitch subissent un interrogatoire. L’impératrice réclame l’exécution immédiate du prince et du grand-duc Dimitri, mais les autorités pétersbourgeoises refusent d’arrêter les responsables d’un acte soutenu par la population. Nicolas II ordonne l’exil pour les trois hommes. Au cours de l’interrogatoire le prince nie toute implication dans le complot et il est finalement assigné à résidence dans son domaine de Rakitnoïe

L’exil
Le 11 avril 1919, Il est contraint de quitter la Russie à bord d’un cuirassé de la Royal Navy, le HMS Marlborough envoyé à Yalta (Crimée) par le roi d’Angleterre pour sauver ses cousins russes, membres de la famille impériale. Sa présence d’esprit et son sens de la négociation lui permettent de sauver une partie de sa belle-famille. Installé à Londres, le prince est une des chevilles ouvrières de la Croix-Rouge russe. En 1920, il s’établit avec sa femme à Paris où il crée en 1924 la maison de couture Irfé. La fortune colossale des Ioussoupov est confisquée par les Soviets dès 1917. Les avoirs placés à l’étranger sont rapatriés dès 1914 pour des motifs patriotiques. Mais les Ioussoupov réussissent à sauver nombre d’objets précieux comme deux Rembrandt, vendus au début des années 1920 et la perle Pelegrina, vendue en 1953. Leurs ventes leur assurent de solides moyens de subsistance. Dans les années 1950, le prince publie ses mémoires, en deux volumes, sous les titres Avant l’exil (1887-1919) et Après l’exil (1919-).

Le prince meurt le 27 septembre 1967 à Paris, et est inhumé au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois.